Sénégal : Vers une pêche plus souveraine

Le 17 novembre 2024, une nouvelle ère s’ouvrait pour le secteur de la pêche au Sénégal. Après plusieurs années de négociations tendues, les accords de pêche entre l’Union européenne et le Sénégal, en vigueur depuis 2014, ont pris fin. Cette décision, saluée par le gouvernement sénégalais, marque un tournant dans la gestion des ressources halieutiques du pays et soulève de nombreuses questions sur l’avenir de ce secteur crucial pour l’économie sénégalaise.

Les raisons de la rupture

Les raisons de cette rupture sont multiples. L’Union européenne a pointé du doigt les « défaillances » et les « graves lacunes » du Sénégal dans la lutte contre la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN). Ces pratiques, souvent dénoncées par les défenseurs de l’environnement, ont un impact dévastateur sur les écosystèmes marins et mettent en péril la survie de nombreuses espèces.

De son côté, le gouvernement sénégalais a toujours considéré ces accords comme étant déséquilibrés et défavorables aux intérêts du pays. Les pêcheurs artisanaux, qui constituent la majorité des acteurs du secteur, se sont souvent plaints de la concurrence déloyale des navires industriels européens, accusés de piller les ressources halieutiques.

Les enjeux pour le Sénégal

La fin de ces accords représente à la fois le une opportunité et un défi pour le Sénégal.

Une opportunité de renforcer la souveraineté halieutique : En mettant fin à ces accords, le Sénégal affirme sa volonté de gérer de manière autonome ses ressources halieutiques. Cela lui permet de mettre en place des politiques de pêche plus adaptées aux besoins des populations locales et de préserver les écosystèmes marins.

Un défi pour l’économie : Les accords de pêche avec l’UE apportaient des revenus importants au Sénégal, notamment sous forme de redevances et de financements pour le développement du secteur. La fin de ces apports financiers pourrait avoir des conséquences négatives sur l’économie du pays, en particulier sur les communautés côtières qui dépendent de la pêche.

Un enjeu pour la lutte contre la pêche INN : La fin des accords ne résout pas le problème de la pêche illégale. Le Sénégal devra mettre en place des dispositifs de contrôle plus efficaces pour lutter contre ces pratiques et préserver ses ressources halieutiques.

La pêche au Sénégal : Quelles perspectives pour l’avenir ?

La fin des accords de pêche avec l’UE marque une nouvelle étape dans les relations entre les deux partenaires. Le Sénégal devra désormais trouver de nouveaux équilibres pour gérer ses ressources halieutiques, en tenant compte à la fois des enjeux économiques, sociaux et environnementaux.

Plusieurs pistes peuvent être envisagées :

Renforcer la coopération régionale : Le Sénégal pourrait renforcer sa coopération avec les pays voisins pour mettre en place des stratégies de gestion des pêches communes et lutter plus efficacement contre la pêche INN.

Développer la pêche artisanale : En soutenant la pêche artisanale, le Sénégal pourrait améliorer la sécurité alimentaire des populations locales et créer de l’emploi.

Promouvoir l’aquaculture: Le développement de l’aquaculture pourrait contribuer à diversifier les activités économiques liées à la pêche et à réduire la pression sur les ressources halieutiques naturelles.

La fin des accords de pêche entre l’UE et le Sénégal est un événement majeur qui aura des conséquences importantes pour le secteur de la pêche et pour l’économie sénégalaise. Il reste à voir si le Sénégal saura saisir cette opportunité pour bâtir un avenir plus durable pour ses ressources halieutiques.

Samira Mafo
Les derniers articles par Samira Mafo (tout voir)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Back To Top